Cette nouvelle organisation du temps de travail ne concerne pour le moment que 10.000 salariés dans l’Hexagone, mais l’idée gagne du terrain, dans le privé comme dans le public, avec à la clef une amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Explications et premiers retours d’expérience.
En théorie, c’est un plébiscite : 80% des salariés se disent séduits par la semaine en quatre jours, pensant que cela « améliorerait significativement leur bonheur et leur bien-être », selon l’étude Talent Trends 2023 du cabinet Michael Page menée auprès de 70 000 professionnels dans 37 pays, y compris la France. Selon un sondage YouGov mené dans l’Hexagone en mai 2023, 75 % des répondants se positionnaient « pour » le passage à la semaine de quatre jours, à condition de conserver un salaire inchangé. La tendance est reprise par le pouvoir politique : début 2024, le Premier ministre a déclaré souhaite inciter les administrations publiques à tester le format. Pourtant, à ce jour, cette organisation du temps de travail ne concerne encore que 10 000 salariés en France, selon le ministère du Travail.
Semaine de quatre jours ou en quatre jours ?
Avant de se pencher sur les avantage et les inconvénients de cette formule, il est important de savoir ce que l’on désigne par « semaine de quatre jours ». En effet, cette formule est souvent utilisée pour définir deux réalités différentes :
- La semaine de quatre jours implique de diminuer le temps de travail hebdomadaire sur quatre jours au lieu de cinq. Elle peut s’accompagner d’une baisse de rémunération.
- La semaine en quatre jours consiste à effectuer sur quatre journées le travail de cinq jours. Cela implique d’augmenter la plage horaire quotidienne de travail. Mais la rémunération reste identique. C’est notamment ce qui est suggéré pour la fonction publique.
Au-delà de ces deux possibilités, les entreprises peuvent aussi appliquer la semaine de quatre jours en offrant par exemple un week-end de quatre jours toutes les deux semaines, une semaine de congés toutes les cinq semaines ou en augmentant le nombre de RTT annuelles.
Bien-être et productivité en hausse
Vu le nombre limité de salariés français concernés, il est encore difficile de tirer des bilans de l’application de la semaine de quatre jours dans l’Hexagone. Mais il existe un mouvement mondial, le 4 Day Week Global qui regroupe des centaines d’entreprises à travers le monde expérimentant cette organisation. Pendant six mois, celle-ci doivent assurer 100% de salaire pour 80% d’heures travaillées, avec un objectif de 100% de productivité. Premier résultat : 97% des organisations participantes souhaitent poursuivre ce rythme au-delà des six mois.
Côté salariés, 4 day week global note un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, une diminution du stress, une meilleure santé mentale et physique, et une plus grande satisfaction générale dans leur quotidien. Soit un impact concret sur la QVCT.
Les entreprises, elles, soulignent un maintien ou une augmentation de leur productivité, et une hausse de leur chiffre d’affaire de 8% en moyenne. Sans oublier une baisse du taux d’absentéisme et une diminution « significative » du nombre de démissions. De quoi inspirer toutes les entreprises, en France notamment, qui sont désemparées face aux difficultés de recrutement et de fidélisation. De quoi répondre, aussi, aux préoccupations des français par rapport au changement climatique, car la semaine de quatre jours permet de diminuer le nombre de trajets domicile-travail et donc les émissions de gaz à effets de serre. Ceci est particulièrement intéressant dans les secteurs où le travail n’est pas possible
Les limites de la semaine en quatre jours
Cependant, la semaine de quatre jours présente certaines limites auxquelles les entreprises qui voudraient y passer doivent être attentives. 4 Days Week Global en cite quelques-unes.
Côté salariés, le changement de rythme peut être facteur de stress dans un premier temps, et demande une réorganisation de leur charge de travail sur chaque journée. Comme avec le télétravail, la semaine de quatre jours pose le risque de diminuer les liens entre collègues si le changement n’est pas bien accompagné. En outre, selon une étude récente pour le Credoc (Centre de recherche et d’observation sur les conditions de vie) un tiers des salariés craint la fatigue liée à l’allongement des journées de travail. (qui peuvent, dans le cadre de 39 h hebdomadaire, atteindre 9h45 soit presque la limite de 10h quotidiennes posée par le code du travail.)
En outre, pour les parents de jeunes enfants, l’allongement des horaires peut devenir un casse-tête concernant le mode de garde après l’école. « Une conséquence qui pourrait peser davantage pour les femmes », anticipent les auteurs de l’étude. En effet, les femmes réalisent encore les trois quarts des activités parentales, selon l’Insee. Pour les accompagner, l’employeur peut faire bénéficier ses salariés de Chèques Emploi Service Universel (CESU) Chèque Domicile pour financer tout ou partie de leurs frais de garde d’enfants, de ménage (entre autres) pour leur faciliter le quotidien.
Les pionniers du privé et du public en France
Dans le secteur privé, la société LDLC (vente informatique) a été la première en France à proposer cette mesure à ses salariés en 2021. Avec des résultats très satisfaisants sur le bien-être mais aussi la productivité des équipes : 497 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2020 contre 730 millions d’euros en 2022 avec le même nombre d’employés. On peut aussi citer, de manière non exhaustive, le distributeur Lidl, et plusieurs start-ups.
Dans le secteur public, la Métropole de Lyon expérimente depuis septembre 2023 la semaine de quatre jours, avec 300 volontaires sur ses 9600 agents. L’Urssaf Picardie le propose depuis mars 2023, mais très peu ont accepté cette nouvelle organisation du temps de travail, uniquement des personnes sans enfant à charge.
UpCoop à vos côtés pour un quotidien plus épanouissant
UpCoop vous accompagne dans la mise en place de cette nouvelle organisation du temps de travail en vous proposant des solutions telles que le Chèque Emploi Service Universel (CESU) Chèque Domicile.