En France, chaque habitant jette 29 kilos de nourriture par an, soit l’équivalent de 16 milliards d’euros de nourriture jetée chaque année. En parallèle, la précarité alimentaire touche 25 % de la population française (16 millions de personnes).
L’association HopHopFood, dont Up est partenaire, met en relation des personnes en précarité alimentaire avec des particuliers et des commerçants, avec un triple objectif : lutter contre le gaspillage, la précarité alimentaire et créer du lien social.
Trois questions à Ilhan Chikh, en charge du développement de l’association, et Luciano Godfrin, gérant d’un commerce partenaire à Paris.
Comment est né le service des commerçants solidaires ?
Ilhan Chikh / HopHopFood : L’application HopHopFood a été lancée en 2016, d’abord à destination des particuliers qui souhaitaient éviter le gaspillage alimentaire en faisant des dons en nature. Nous avons ensuite mis en place les « garde-mangers solidaires » afin de toucher les personnes précaires et exclues du numérique. En 2020, le service des commerces solidaires est né, au premier confinement. On a alors senti un vrai élan de solidarité de la part des commerçants.
Luciano Godfrin / Commerçant partenaire : J’ai eu connaissance de l’initiative vers mai 2020. Je fais beaucoup de plats à emporter et tous les soirs il me reste une ou deux portions, qui sont encore bonnes mais plus très présentables à la vente. Jusqu’alors j’appelais mes amis pour leur donner ou les offrais à des clients. Je n’ai jamais rien jeté, c’est contre ma nature ! J’ai donc trouvé l’idée géniale. Par ailleurs, cela m’a touché car j’ai connu dans ma vie une période de galère, sans revenu, à dormir chez des amis. Ceux-ci me donnaient à manger, mais parfois je ne voulais pas avoir l’impression de profiter. Cette question me touche donc beaucoup.
Concrètement, comment fonctionne le service des commerces solidaires ?
Luciano Godfrin / Commerçant partenaire : C’est très bien organisé. J’entre le produit à donner dans l’application, avec la description du plat, la quantité, l’horaire pour venir le récupérer et ça me prend juste quelques secondes c’est vraiment simple et rapide. Et les personnes qui y sont inscrites viennent, tout simplement, le chercher dans mon commerce. Les bénéficiaires sont plus ou moins toujours les mêmes : je finis par connaître leurs noms et on crée un vrai lien. Je parle beaucoup – c’est mon côté latin ! – et ils me racontent leur vie.
Ilhan Chikh / HopHopFood : Notre promesse, c’est que les bénéficiaires ne soient pas stigmatisés. HopHopFood cible les personnes qui sont en difficulté mais pas aidées par les grandes associations, souvent parce qu’elles ne se sentent pas légitimes. On parle de petite précarité : des étudiants ou des familles qui, après le loyer et les charges, ont moins de 3,50 euros par jour. Nos partenaires (mairies, Crous, CCAS) identifient les bénéficiaires à qui nous donnons un code pour être prioritaires sur les dons alimentaires. D’autres s’inscrivent avec une attestation sur l’honneur qu’ils sont en précarité. Grâce à nos partenaires, parmi lesquels des supermarchés bio, des commerces de bouche, notre défi est de proposer aux personnes en difficulté des produits sains. Ça n’est pas parce qu’on est en précarité qu’on ne doit pas bien manger.
Il existe d’autres applis anti-gaspillage alimentaire. Comment HopHopFood se démarque-t-elle ?
Ilhan Chikh / HopHopFood : Nous sommes une association reconnue d’intérêt général. Ainsi, tous les dons permettent au citoyen ou commerçant de bénéficier d’une réduction d’impôts. Cette perspective n’est pas négligeable après la crise où certains commerçants ont été très impactés. Et au-delà de la solidarité, nos commerçants partenaires ont la perspective de ne pas perdre de clientèle. Sur le terrain, certains commerçants sont déçus par d’autres applis qui poussent leurs clients à attendre la fin de journée pour acheter moins cher les invendus. HopHopFood aide des personnes en grande précarité qui ne seraient pas venues acheter ce produit. C’est aussi la perspective de fidéliser une future clientèle. Depuis sa création, HopHopFood a permis de récupérer 450 tonnes de nourriture soit l’équivalent de 1,3 million de repas.
Le groupe Up, émetteur du titre restaurant UpDéjeuner et acteur militant pour une alimentation saine pour tous, a conclu un partenariat avec l’association HopHopFood, et s’engage dans la lutte contre le gaspillage et la précarité alimentaire. Les 220 000 commerces et restaurants du réseau UpDéjeuner sont invités à lister leurs invendus sur l’appli anti-gaspi HopHopFood pour les proposer gratuitement aux personnes en difficulté.
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