Mobilisé pour favoriser l’accès à la culture pour tous, le groupe Up a organisé le 13 septembre dernier, une #UpConf destinée à sensibiliser à la prévention et à la lutte contre l’illettrisme en entreprise.
Celle-ci s’inscrivait dans le cadre de la 9ième édition des Journées Nationales d’Action contre l’Illettrisme du 8 au 15 septembre 2022, organisées par l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI), dont le groupe Up est partenaire depuis de nombreuses années.
L’envie d’avancer, le point de départ du parcours d’apprenant
Pour Kévin, l’apprentissage scolaire a été mis en difficulté par une dyslexie – trouble de l’écriture- et une dysorthographie – trouble de l’orthographe et de l’expression écrite. « C’est une situation d’humiliation, de honte, de manquement. On vous considère moins intelligent parce que vous n’avez pas les mêmes résultats que vos camarades et que vous avez certaines difficultés que les autres n’ont pas. Vous êtes stigmatisés. J’aurais pu notifier ma dyslexie, dans le cadre de ma scolarité, la faire valoir notamment pour passer mes examens, avoir du temps supplémentaire. Je ne voulais pas le faire. »
On imagine la ténacité qui a dû être la sienne pour s’engager, malgré la dyslexie et le système scolaire limitant, dans des études supérieures de psychologie. Un déclic arriva à ce moment-là. « Etudiant en master, je sentais que j’arrivais à certaines limites dans mes résultats. Cela me freinait dans mes possibilités d’avancement, il fallait que je fasse quelque chose. C’est là que je me suis tourné vers une association proche de chez moi, que j’ai trouvé sur internet ; l’association Clé (Compter, lire, écrire) »
Une démarche courageuse parce qu’une fois au pied du mur, il est plus difficile de se cacher derrière des stratégies de contournement / d‘évitement. « Il faut prendre son courage à deux mains, mettre sa fierté de côté et y aller, pour devoir réapprendre des notions de base (qu’on voit peut-être en CE1/CE2) et qui sont censées être acquises. »
L’association Clé
Basée à Ermont (95120), la vocation de Clé est l’accompagnement de toutes les personnes en situation d’illettrisme pour favoriser leur insertion sociale et professionnelle. Ses actions s’adressent à des adultes francophones qui possèdent un niveau trop fragile pour suivre une formation intensive et collective : des personnes privées d’autonomie en lecture, écriture et calcul et des personnes en situation de remise à niveau.
Pour en savoir plus, cliquezL’association Clé choisit un bénévole au profil proche de celui de Kévin (un sociologue) pour un accompagnement d’1 an. « Avec lui, j’ai pu retravailler les bases, la structuration des phrases et l’orthographe. Le fait de travailler avec quelqu’un de bienveillant, qui n’est pas dans le jugement, m’a permis de reprendre confiance en soi sur ces dimensions là et cela a débloqué des choses. Cela se fait progressivement au fil de la relation qui se tisse entre le bénévole et l’apprenant. Il y a une complémentarité dans les profils, une adéquation entre les personnalités qui est recherchée par l’association Clé. C’est important pour qu’une synergie puisse se construire. » En parallèle, Kévin suit également le projet voltaire qui juge très utile et très intéressant.
Le Projet Voltaire, N°1 de la remise à niveau en expression et en orthographe.
Le projet Voltaire a créé un outil rendant l’expression et l’orthographe accessibles à tous. Quel que soit son âge, son niveau initial, ses objectifs et son rythme d’acquisition, le Projet Voltaire propose un parcours totalement individualisé, avec deux mots d’ordre : ludique et efficace !
Le savoir-faire et l’approche innovante font du Projet Voltaire le numéro 1 avec plus de 7 millions d’utilisateurs, 5 000 établissements d’enseignement et 2 200 entreprises partenaires. Un réseau solide de partenaires et d’experts accompagne depuis sa création le Projet Voltaire, service dont la performance est prouvée et reconnue par les plus grandes institutions.
Pour en savoir plus, cliquezDes démarches positives et réussies, Kévin voyant ses notes passer à 18/20 alors qu’il plafonnait entre 10 et 11/20. « Cela a vraiment remis les choses en place ». Cinq ans après (2018), il ouvre son cabinet de psychologie du travail, dédié particulièrement à l’amélioration de la qualité de vie et des conditions au travail, d’un point de vue collectif et sur le plan individuel.
Kévin note cependant que les stigmates de son passé restent malgré tout vivaces. « Le mot « illettré », que je trouve extrêmement violent, me renvoie toujours à ce passé et cela met vraiment mal à l’aise, même si j’ai pris du recul et mis en place des choses pour régler ces difficultés-là. Aujourd’hui, j’ai un certain niveau d’études et un travail, mais j’ai toujours cette situation en arrière-pensée. Il y a quelque chose qui reste, qui persiste. Même si j’ai aujourd’hui une maitrise de l’écrit et mes écrits sont reconnus, j’ai toujours un rapport particulier à l’écrit”
Partager son parcours et apporter sa pierre à l’édifice : une volonté forte
« C’était important pour moi de réinvestir ce dont j’ai pu bénéficier et rendre un peu de ce qu’on m’a donné. Depuis 2017, je suis bénévole au sein de l’association Clé et j’anime, sur ma journée de repos, un atelier multimédias ainsi que des ateliers sur la spirale de l’échec : identifier sa représentation de l’échec et éviter de reproduire des schémas qui peuvent renforcer la spirale de l’échec.”
Beaucoup de personnes sollicitent l’association car, pour réaliser un projet professionnel et s’insérer professionnellement, elles doivent réussir un examen (pour être aide-soignant ou obtenir un poste en lien avec l’aide à la petite enfance par exemple). Surmonter leurs difficultés est alors indispensable.
D’autres personnes, salariés, se retrouvent au pied du mur quand elles souhaitent évoluer. « L’illettrisme est une source de violence et de souffrance, quelque chose à laquelle on ne veut pas faire face. À partir du moment où on souhaite évoluer, il faut impérativement être à niveau et régler ses problèmes pour obtenir un diplôme ou une certification spécifique. À mon tour, j’essaie d’accompagner ces apprenants, au sein de l’association Clé. »
Les apprenants, un capital humain de valeur pour l’entreprise
S’il est vrai que les salariés ne se précipitent pas dans le bureau de leur RH pour dire « je suis illettré », l’illettrisme concerne l’entreprise. Pour Kévin, il est important de détecter l’illettrisme, pour favoriser l’épanouissement personnel et l’évolution professionnelle des salariés mais aussi l’image de l’entreprise et la marque employeur.
« Cela nécessite de la pédagogie : de l’écoute, de l’accompagnement, de la bienveillance et du non-jugement, de faire en fonction des possibilités de la personne à un instant T sans juger sa valeur et son intelligence. Il ne faut pas oublier que ce sont des gens intelligents qui déploient au quotidien des stratégies monumentales (par exemple : mémoriser beaucoup de choses, parce qu’elles n’arrivent à lire). Ce n’est pas parce qu’ils ont des difficultés en lecture et/ou écriture qu’ils sont stupides. Ce sont au contraire des personnes de valeur pour l’entreprise, qui développent d‘autres compétences, d’autres façons d’agir et de penser. »
Prérequis indispensable pour aider des personnes en situation d’illettrisme à remettre à niveau les savoirs de base et réamorcer les choses : qu’elles soient volontaires et partie prenante active.
Le groupe coopératif Up s’associe à l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme depuis plusieurs années. Ensemble, les deux acteurs œuvrent pour la sensibilisation sur la lutte contre l’illettrisme, notamment dans le milieu de l’entreprise.
Les Journées Nationales d’Action contre l’Illettrisme (JNAI) ont été initiées par l’ANLCI et ses partenaires en 2014, après que la lutte contre l’illettrisme a été déclarée Grande Cause Nationale en 2013.
Webinaire « Comprendre et accompagner l’illettrisme en entreprise »
À l’occasion des JNAI 2022, du 08 au 15 septembre, le groupe coopératif Up a proposé une conférence sur le monde du travail au cours de laquelle Kévin DUFRENOY est intervenu, avec 3 objectifs :
- Apporter des éclairages sur l’illettrisme
- Déconstruire les préjugés
- Favoriser l’accompagnement des salariés en situation d’illettrisme