L’alimentation est la première préoccupation des Français. Chaque enquête, chaque reportage le montre parfaitement en cette forte période d’inflation.
Or, pour les plus démunis, manger à sa faim et de manière saine et durable reste particulièrement difficile. Le point avec un projet particulièrement audacieux en Seine-Saint-Denis.
A la suite du projet Passerelle qui visait en 2022 à conférer plus d’autonomie aux personnes en situation de précarité grâce à la carte UpCohésia, la volonté affichée par la Seine-Saint-Denis et son président, Stéphane Troussel était de mettre en place un plan « alimentation durable » ambitieux. En effet, après la crise sanitaire qui a apporté quelques ruptures d’approvisionnement avec encore moins d’alimentation de qualité, le département s’est rendu compte qu’il ne possédait pas de compétence “Alimentation” spécifique.
“C’était de l’intérêt général de mettre en place un système de qualité pour être en phase avec les enjeux contemporains”, souligne Ari Brodach, Directeur de la délégation à la transition écologique de Seine-Saint-Denis. Avoir accès à une alimentation durable est aujourd’hui au cœur d’un programme national piloté par le Ministère des Solidarités et des Familles : “Mieux manger pour tous”.
Une expérimentation innovante
Dès lors, le département et l’ONG Action Contre la Faim (ACF) en association avec UpCoop décident de lancer une expérimentation innovante. Il s’agit d’instaurer un chèque alimentaire durable sous forme de carte numérique pour les populations défavorisées sur la commune de Montreuil. L’originalité ? Stimuler les comportements de consommation durable via une bonification financière et un accompagnement des bénéficiaires sur les impacts générés par leurs choix de consommation (animation sur la saisonnalité des fruits et légumes, les circuits-courts, les commerces indépendants vs la grande consommation, etc.) pour ancrer durablement les évolutions en matière de consommation alimentaire.
Premiers touchés par des changements de vie importants, les étudiants et les femmes enceintes ou allaitantes sont ciblées également. Après sélection des bénéficiaires sur quatre territoires séquano-dionysiens, les comptes des cartes sont chargés chaque mois de 50 € par personne composant le foyer et les achats durables récompensés d’une bonification de 50% de la valeur dépensée. Au total, sur la période 2023-2025, 1350 personnes participeront à cette expérimentation visant à conjuguer pouvoir d’achat et pouvoir d’agir.
“Il est important de lutter activement contre la précarité alimentaire tout en mettant en avant la nécessité de “manger durable” et en apportant un accompagnement alimentaire pour les bénéficiaires”, poursuit Ari Brodach. Les commerces d’alimentation durable ne sont pas en reste car ils profitent également de cette opportunité, dans un contexte où notamment les produits bios souffrent actuellement d’une chute de la consommation.
“Cette aide permet à des personnes qui n’auraient pas pensé à le faire d’ouvrir la porte de notre magasin pour acheter des aliments bio”, souligne Maya Azgui, responsable de l’enseigne L’écrin vert (Biocoop, partenaire de l’opération) de Montreuil. “Notre filière s’engage à réduire ses marges pour être plus accessible et proposer des produits alimentaires de première nécessité et plus durables”, renchérit madame Azgui.
Notons, qu’une expérience semblable se déroulera courant 2024 dans le département du Gers.
Vers un déploiement national ?
“Cette carte est moins stigmatisante qu’un chèque classique et offre une capacité de choix aux bénéficiaires, assure, souriante, Hélène Queau, Directrice pays-Mission France d’ACF. Nos indicateurs et nos partenaires nous le signalent : la majorité des dépenses va évidemment vers l’alimentation. Mais ce “coup de pouce” financier n’est pas la solution à tout. Il faut mettre des choses autour pour que cela fonctionne correctement.”
Utiliser cette “monnaie intelligente” pour rendre les bénéficiaires “consom’acteurs” est une idée qui pourrait faire des émules au sein des collectivités. “Nous partageons nos informations avec les responsables gouvernementaux. Mais un véritable financement étatique serait bien évidemment le bienvenu”, conclut Hélène Queau.
Les enseignements de ces expérimentations seront partagés avec les pouvoirs publics, afin d’enrichir leurs réflexions sur le déploiement national ou local du dispositif « Chèque Alimentation Durable », issu de la Convention Citoyenne pour le Climat, et engagement personnel d’Emmanuel Macron.
D’ores et déjà, des collectivités motivées par le double enjeu Lutte contre la précarité alimentaire/ Transition écologique se montrent vivement intéressées par ce type de solutions.
Epiceries solidaires, AMAP : la solidarité et le bon sens se développent
Ces derniers mois, un nouveau genre de commerce a vu le jour : l’épicerie solidaire. Ce dispositif de lutte contre la précarité alimentaire tend à se développer en France. C’est une structure associative qui propose des produits alimentaires, d’entretien et d’hygiène à coûts réduits (de 10 à 30 % de leur valeur marchande). Souvent, les épiceries solidaires organisent aussi des ateliers sur la nutrition et l’équilibre alimentaire. Ces nouveaux commerces de proximité permettent ainsi largement à un public en difficulté de se nourrir correctement.
La rencontre de gens de bonne volonté entre maraîchers et consommateurs peut également s’avérer pertinente pour les deux parties. La création d’une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) est basée sur le principe du gagnant/gagnant. C’est très simple ! Chaque semaine, l’agriculteur s’engage à livrer à chaque adhérent de l’AMAP un panier de fruits et légumes de saison de sa propre production. Ces derniers étant cultivés localement et vendus en direct au juste prix.
Découvrir le podcast “Alimentation & Environnement – Point de vue producteurs
Agir pour un pouvoir d’achat au service d’une consommation plus responsable
Dans un contexte où la crise sanitaire et le contexte géopolitique ont fragilisé le tissu économique et social français, il faut agir pour le pouvoir d’achat. Les monnaies intelligentes UpCoop apportent du pouvoir d’achat et répondent aux multiples enjeux des collectivités : identifier les besoins prioritaires, s’assurer de l’efficacité et de la bonne utilisation des aides mises en place, saisir toutes les opportunités offertes par la digitalisation et la data.